Bénin
L’opposant politique et homme d’affaires béninois Sébastien Ajavon sera de nouveau jugé, par un tribunal spécial, dans une affaire de trafic de drogue pour laquelle il avait été relaxé il y a deux ans, a constaté jeudi l’AFP lors d’une audience à Porto Novo.
Le prévenu, absent, était représenté par 10 avocats, qui ont dénoncé des “violations flagrantes” de ses droits devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), créée tout récemment.
Sébastien Ajavon a été convoqué moins d’une semaine avant l’audience “pour affaire le concernant”, sans qu’il lui soit notifié s’il devait comparaitre en tant que témoin ou inculpé, selon la convocation que l’AFP a pu consulter.
Ses avocats ont découvert en arrivant jeudi à la Cour que leur client et trois autres prévenus étaient accusés de “trafic de drogue international à haut risque”, infraction punie de 10 à 20 ans de prison, selon une récente loi béninoise.
“Comment peut-on convoquer les même gens pour les même faits lorsqu’ils ont déjà été jugés et relaxés?”, s’est insurgé Me Marc Bensimhon, du barreau de Paris, devant la presse à la fin de l’audience de renvoi. “Je ne peux imaginer que la justice béninoise soit aux ordres du politique”.
Ajavon en froid avec le président Talon ?
En octobre 2016, M. Ajavon qui a fait fortune dans l’agro-alimentaire, avait été arrêté après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés, avant d‘être relaxé quelques mois plus tard faute de preuve et “au bénéfice du doute”.
Ce jugement de relaxe n’ayant fait l’objet d’aucune procédure en appel, la défense d’Ajavon estime qu’il est définitif. Or la Criet, qui a démarré ses activités fin août, est une juridiction séparée, qui a compétence pour juger en premier et dernier ressort, les flagrants délits liés au terrorisme, à la criminalité économique et au trafic de drogue.
Après 20 minutes de vifs débats entre le parquet et les avocats, le président de la Cour a décidé de renvoyer l’audience au 18 octobre, demandant aux prévenus de “comparaitre personnellement” et estimant qu’ils ne pouvaient se faire représenter par leurs avocats en leur absence.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon était arrivé troisième avec 23% des voix, avant de soutenir un autre homme d’affaires, Patrice Talon, qu’il a contribué à faire élire au second tour face à Lionel Zinsou.
Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées après la présidentielle, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.
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